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No es material, es espiritual...
No
es material, es espiritual... " Mercedes
martèle les mots et les répète
à la cadence de l'archet sur les cordes
du violon : " Ce n'est pas matériel,
c'est spirituel... " Et Mercedes tourne
sur elle-même, les yeux à demi
clos. Elle tourne et ses pieds frappent le sol
de la maison pour imposer à l'assistance
le rythme lancinant de la danse. Certains observent
silencieusement la cérémonie,
d'autres tapent dans leurs mains et accompagnent
le mouvement. Mais Mercedes ne semble plus percevoir
la présence des fidèles : elle
danse et tourne encore au delà de l'épuisement,
jusqu'au vertige, jusqu'à la transe...
(...)
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Les
cendres d'un foyer recouvrent les dalles, çà
et là sont disposés des bougies,
des coques de noix et des coupelles. Au dessus,
des poupées de céramique blanche
à l'effigie d'apôtres et de saints
catholiques, trônent sur une étagère
en bois. Chacune des poupées représente
un orisha différent : Sainte-Barbe figure
Changó, le dieu souverain, Saint-Pierre
est Ogún, dieu du fer et des guerriers,
la Vierge de la Grâce incarne Yemanyá,
la déesse de la mer... Lázaro attrape
une bouteille de rhum, prend une longue gorgée.
Brusquement, il recrache l'alcool sur le sol :
" Por los santos. Pour les saints. "
(...)
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Dans
sa maison, littéralement transformée
en église, Pedrin se hâte aux préparatifs
de la célébration et attend l'arrivée
des fidèles. La soixantaine, descendant
de colons espagnols, Pedrin pratique la santería
à sa façon : une grande dose de
catholicisme, une autre d'animisme, une mesure
d'orthodoxie et... quelques soupçons
de marxisme ! Près de l'autel, le drapeau
révolutionnaire cubain côtoie d'ailleurs
un imposant Christ crucifié. Pedrin sait
bien que tout à l'heure son église
sera comble et que les membres du Parti viendront,
comme les autres, prier les divinités
de les aider à résoudre leurs
innombrables problèmes de vie quotidienne.
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